Poème de  son fils  Ulrich
LA
GUERRE

Un cri d'angoisse secoue la terre
On a déclaré l'horrible guerre
Obligés de quitter leurs familles chéries
Pour participer à l'odieuse boucherie
Les appelés rongés de tourments
Rejoignent leurs divers régiments

Équipés de neuf de cap en tête
Ils sont conduits à l'infâme fête
A l'idée de ce qui va les attendre
Obligés de tuer pour se défendre
Ils écoutent la frayeur aux entrailles-
Les grondements des funèbres batailles

On gagne le front dans une tranchée boueuse
Pensant à la femme, à la fiancé délicieuse
Elle zigzague à travers un paysage morne
Sans aucun arbre préservé, sans aucune borne
La terre dix fois retournée et truffée de trous
Est la preuve vivante que les hommes sont fous

Revenant du front, titubant mornes et hagards
Les horreurs de la guerre remplissant leur regard
Étourdis par la pluie de terre et de fer
Quittant pour quelques jours l'horrible enfer
Quelques restes d'une unité entière
Va se refaire une santé à l'arrière

Pendant que les obus de leurs ennemis grondent
Que nos canons à leurs miaulements répondent
Le fantassin moulu courbe l'échine
Implore la providence divine
Aujourd'hui encore o  mère secourable
Protège une nouvelle fois ma vie misérable

Ils piétinent dans la boue, la fange
La saleté plus aucun ne dérange
Une tête se lève c'est la mort
Combien subissent ce triste sort
Se mettre a genoux s'asseoir impossible
Ce qui rend la vie encore plus pénible

La ferraille maudite les arrose
Dans leur trou ils sont bien peu de chose
Ils pensent avec un très angoissant frisson
Qu'aux obus adverses ils servent de moisson
Quant finira t’il leur sacrifice
Entendront ils le clairon de l’armistice

                                      Avant l'attaque pliés devant leur meurtrière
                                         L'un dans son angoisse récite une prière
                                           L'autre jure pour se donner du courage
                                 D'aucuns grincent des dents d'impuissante rage
                                               Baïonnette au canon, finis les rêves
                                           Il faut que tu avances ou que tu crèves

                                       Devant la tranchée, un cauchemar terrible
                                          A leurs yeux se montre une vision horrible
                                           Dans un trou creusé par les précédentes batailles
                                         Rempli d'eau et de quelques morceaux d'entrailles
                                              Dépassant de la fange un bras vengeur
                                              Dresse vers le ciel un doigt accusateur

                                           Succédant à un si horrible carnage
                                         Qui a laminé des humains de tout âge
                                     Les anciens adversaires, sans excès de passions
                                          Ont mis sur les rails la Société des Nations
                                           Où après de longs palabres à l'infini
                                           Un statut de non agression fut défini

                                         Mais déjà un moustachu fou, hystérique
                                       Atteint dans sa folie d'un pouvoir mystique
                                       Il harangue les foules d'une voix tonitruante
                                           Personne n'a éliminé cette bête puante
                                        Qui promet à son peuple espace et honneur
                                     Son magnétisme les met au comble du bonheur

                                       Il allume à nouveau le brasier épouvantable
                                        Hurlant qu'une telle minorité est la coupable
                                     Ses troupes, droguées par les premières victoires
                                       Cachent sous leurs oeillères tous les déboires
                                        Dont souffrent tous ceux qui leurs sont chers
                                            Qu'ils sont longs, en Russie, les hivers

Le nucléaire a mis fin à la guerre
Cette arme fait peur à toute la terre
Voilà que maintenant la question se pose
Plus jamais ça, plus cette horrible chose
Mais une affreuse nouvelle les nations inonde
La guerre chimique fait rage dans le tiers monde

Faisons un voeu, disons une prière
Clamons fort que tous les hommes sont frères
Qu'ils soient blanc, jaune,rouge ou noir
Ils doivent vivre d'amour et d'espoir
Se soutenir, avoir chaque jour leur pain
Espérons que ce voeu pieux ne soit vain

Son fils Ulrich Richert

                                                          
                Au centre de la vitrine, sous le tableau de Gustave Doré " L'Alsace meurtrie ", est exposé le manuscrit du premier cahier écrit par Dominique Richert. 
                Exposition du 22 mars 2014 - VIVRE EN TEMPS DE GUERRE DES DEUX CÔTES DU RHIN 1914-1918.
                                                           -  MENSCHEN IM KRIEG 1914-1918 AM OBERRHEIN