LE GENERAL RICHERT
Xavier
Augustin RICHERT. Le Général Légionnaire baroudeur bien connu a vu
le jour le 29.O8.l879. Cet homme a laissé son empreinte tant dans
son village natal qu’à l’armée. A la Légion étrangère et à la
diplomatie de l’entre deux guerres.
Il a fréquenté l’école communale de
Saint-Ulrich. Puis celle de Strueth, où ses parents se sont
établis après la mort du grande père paternel.
En ce temps là, toutes les familles,
autant que certains habitants portaient des sobriquets, qui leur
avaient été attribués à l’occasion d’un événement, remontant
parfois dans la nuit des temps et dont personne, même les anciens
ne pouvaient expliquer la provenance.
Xavier Richert, le père du futur Général
était connu sous le sobriquet « Dr Glàserväri ». La majorité des
habitants du village avaient en fait oublié qu’il s’agissait d’un
Richert. On a appelé le futur Général, qui continuait la lignée
« S’Glàseväris Auguste ».
Tout jeune Auguste se distinguait déjà
comme meneur de la bande de ses camarades. Lorsque l’on jouait au
jeu du Gendarme et des voleurs, il prenait le rôle , soit du
commandant de Gendarmerie ou du chef des voleurs. Dans les deux
cas c’était toujours sa bande qui gagnait. Si le jeu portait sur
la guerre, il était le Général vainqueur. S’il s’agissait de
religion, il représentait, pour le moins l’évêque, qui venait
visiter ses ouailles.
A l2 ans, en l’absence de son
instituteur, il a pris les rennes de l’école, faisant la classe à
la place de l’enseignant défaillant, pendant quelques temps.
A l4 ans, ses parents l’ont envoyé au
collège des Bénédictins à Delle, dans le but de lui faire acquérir
la connaissance de la langue française et préparer ses études
classiques.
Sa mère nourrissait le secrêt espoir de
le destiner à la prêtrise. Son père souhaitait le voir devenir un
homme d’affaires internationales. Le jeune Richert ne rèvait que
plaies et bosses. Il souhaitait réaliser une carrière plus
dévorante.
Dans sa prime enfance il avait été
marqué par la mort, à l’âge de 2l ans, de Jean-Baptiste Kayser,
qui s’était engagé dans la Légion Etrangère. Il s’agissait du
frère ainé de mon grande père maternel, qui est mort au champ
d’honneur lors d’un engagement contre les révoltés du Tonkin.
Le jeune sergent Kayser était devenu,
pour la jeunesse de Saint-Ulrich, le grand homme. Le héros du
pays. Dans ma jeunesse on parlait encore souvent de ce héros de la
famille. J’ai conservé précieusement la photo du légionnaire.
Après son décès, ses affaires
personnelles avaient été retournées à la famille. Je ne sais par
quel fait du hasard, sa ceinture orientale avait échoué chez-nous.
En satin rougé, d’une largeur de plus de 2O centimètres elle se
fermait par quatre courroies. Elle était brodée de scènes
orientales. Quelques horribles dragons qui crachaient du feu et
autres monstres. Également quelques jeunes annamites en chapeau
pointu et parasols de circonstance, qui se promenaient dans des
jardins exotiques. Des paons et des oiseaux de Paradis. A
l’intérieur, bien cachés, un porte monnaie et un porte feuille.
Ma grande fierté de gosse a été, de la
montrer à mes copains, qui m’enviaient grandement. Leur plaisir
était comblé lorsque je leur permettais de porter le trophée, qui
naturellement était trop grand pour nos tailles de gamins.
A la suite de notre évasion en l942 et
de la déportation de nos parents par les Nazis, la ceinture
s’était perdue.
Les évènements sanglants de quatre
années de misère, ont donné matière à conversation et, tant Jean
Baptiste Kayser, que la ceinture avaient été quelque peu oubliés.
Nous l’avons retrouvé dans le grenier,
au milieu d’un fatras de vieilleries, lorsque nous avons vidé la
maison paternelle, après sa vente. Elle était dévorée par les
mites. Les cuirs pourris et cassants. Elle a été irrécupérable et
a achevé sa belle carrière sur le dépôtoir communal, ou tant de
souvenirs et d’objets du passé ont trouvé une fin peu glorieuse.
Sur les bancs du collège de Delle,
Auguste a eu comme condisciple, celui qui devait devenir
l’archevêque de Paris, Monseigneur Feltin, avec lequel il est
resté en correspondance durant toute sa vie.
Auguste s’est très vite fait remarquer
au collège, par son application et sa grande facilité au travail.
Il s’est distingué des autres élèves par une certaine
indépendance, qui décidera de son destin.
A l8 ans, ayant fait le mur du collège,
pour aller danser avec la fille du maire de Delle, il a été
traduit devant le Conseil de Discipline et invité à ne plus
revenir dans l’établissement à la prochaine rentrée.
Après ce regrettable incident de
parcours, il a terminé ses études secondaires et ses humanités à
Besançon, où il a décroché ses deux baccalauréats avec mention.
Il va maintenant pouvoir réaliser son
rève. Faire une carrière militaire.
Ayant eu, avec son père, une explication
quelque peu orageuse et manifesté le désir de s’engager dans la
Légion étrangère, celui-ci l’a orienté vers Saint-Cyr.
Il est monté à Paris, a découvert la
capitale de la belle époque. Il a préparé avec ardeur, le concours
d’entrée à Saint-Cyr. Il a été reçu avec un bon numéro. Seul films
de paysan de tous les candidats de France. Il s’est juré de
s’engager, après diplôme reçu, dans la Légion étrangère.
La première année il s’est donné
entièrement à sa tâche. Malheureusement, sur ces entre faits, le
ministre de l’époque prend la décision de ne plus envoyer
directement les promotions à venir, dans la Légion.
Richert, quelque peu désabusé, se laisse
aller à la douceur de la capitale. A sa vie agréable et facile.
Ses grandes qualités intellectuelles lui permettent, malgré cette
relâche, d’être reçu, avec la promotion « In Fannah » (l899-l9Ol.
Il est nommé au lO6e Régiment
d’infanterie à Chalons sur Marne. Le Régiment est commandé par le
Colonnel Vanderscheer, Alsacien de vieille souche comme Richert.
Il a été obligé d’arroser ses épaulettes
en Suisse. Chez des amis de la famille. Interdit de séjour par les
allemands, qui l’ont considéré comme réfractaire et traître à la
patrie.
Au bout de deux ans, le Lieutenant
Richert, fatigué par la vie de garnison, sans intérêt et sans
panache, demande à son Colonel de l’aider à gagner la Légion,
faute de quoi il quitterait l’armée. Nouveau trait de son
caractère indépendant et de sa volonté de servir. Bien lui en a
pris. Un mois plus tard, en janvier l9O4, il arrive à
Sidi-Bel-Abès. On l’affecte à la l9eme compagnie de la Légion,
dont il exercera le commandement pendant huit mois.
Il se sent dès lors à sa vraie place !
Il commande à 25O Légionnaires, en grande partie Alsaciens, dont
la majorité parlent l’allemand . Aussi a t’il tôt fait de gagner
leur confiance.
Ce sera bientôt le baroud avec ses gars
de la Légion.
En octobre l9O4, il dirige sa compagnie
sur Berguent, où elle devient compagnie montée, commandée par un
Capitaine et trois Lieutenants, dont il est le plus jeune.
Elle va faire partie du groupement du
Chef d’Escadron Henrys, le futur Général, chargé par Lyautay de
faire tache d’huile au Maroc Oriental. C’est avec ce groupement
qu’il prendra part à de nombreuses opérations de montagne, entre
Debdou, Metarko, Tendrara, le Chott-el-Charbi et la frontière
Algérienne.
; Il fera ainsi son apprentissage de
chef de guerre. Il dirigera fréquemment, dans des conditions
pénibles, les convois sur de longues distances, à travers des
régions infestées de bandes armées. Excellent entraînement pour
développer en l’homme, le sens de responsabilité et l’esprit
d’initiative.
En l9O7, il participe aux opérations de
pacification des Beni-Snessen et livre, à Aïn-Sfa son premier
combat en règle.
Le Maroc oriental résistera longtemps à
la pénétration française.
Le Lieutenant Richert se fait remarquer
par ses grandes qualités, son sens des responsabilités et son
esprit d'initiative.
En l9lO, il quitte le Maroc, où il a
fait ses premières armes, pour devenir, à la suite d’un concours,
professeur d’allemand, à l’école militaire de Saint-Maixant.
Il met à profit son séjour, dans cet
établissement pour préparer l’école de guerre, à laquelle il est
admis en l9ll.
Ce sera l’occasion de se documenter sur
place et au cours de maints voyages d’études, à travers la France,
et d’ouvrir son esprit aux grands problèmes politiques,
économiques et sociaux. En particulier les cours d’André Tardieu
et de Charles Gide, qui auront sur sa formation une influence
déterminante.
Voyant venir le conflit mondial, et pour
échapper à d’éventuelles représailles, ses parents ont acheté une
ferme à Reppe, dans le territoire de Belfort, et s’y sont
installés.
La guerre surprend notre héros au moment
même où il passe ses examens de sortie.
Il est affecté, comme Offier d’Etat
Major à une Brigade de la 63ème Division de Réserve et
participe comme tel à la campagne d’Alsace ,du Général Pau.
Ayant repris une seconde fois Mulhouse,
en août l9l4, cette Division se voit contrainte d’abandonner
l’Alsace, pour être envoyée devant Paris, où elle constitue le 7ème
Corps, de concert avec la l4ème D.I.. Elle s’illustre aux
batailles de L’ourcq.
Victoire de Monoury sur les allemands de
Von Glück (Septembre l9l4). Richert y gagne sa première citation.
Début l9l5, il est blessé dans les
combats du nord de l’Aisne. Il reçoit, des mains du Général
Joffre, la Légion d’Honneur, avec une nouvelle citation.
Gazé pendant la bataille de Champagne,
en automne l9l5 alors qu’il a fait partie de l’Etat Major du l4ème
Corps.
Après une courte convalescence il
revient à l’Etat Major de la 63ème Division du Général
Andlauer, avec laquelle il prend part, en l9l6 et l7, aux
terribles batailles de Verdun, où il gagne une nouvelle citation.
En février l9l8, il prend le
commandement d’un bataillon du 3O5e R.I., qui se bat dans le
secteur du « Four de Paris », en Argonne et reçoit le quatrième
galon.
Durant l’hiver l9l7-l9l8, il assume
provisoirement le commandement du Régiment, aux lieu et place des
officiers supérieurs disparus dans les combats.
Il termine la guerre dans l’armée
américaine, en qualité d’officier de liaison, d’abord à la 9Oème
D.D., avec laquelle il prend part à la bataille de Saint-Mihiel.
Puis du 6ème C.A. et y gagne une nouvelle citation et
la décoration de la Distinguished Service Médal ». Il avait eu,
notamment pour mission d’initier, plus particulièrement, les noirs
à la guerre des tranchées.
Après l’armistice. En raison de sa
parfaite connaissance de la langue et de la culture allemande, il
est affecté à l’administration supérieure de la Sarre.(Affaires
politiques et administratives)
Le but du gouvernement français était de
faire de la Sarre un état politiquement autonome, le détachant de
l’ Allemagne, pour l’amener dans notre orbite économique.
Il remplit les fonctions de Chef de
Bureau des affaires civiles, sous la haute autorité du Général
Andlauer, puis du Général Wirbel, deux chefs d’origine Alsacienne
comme Richert et qui lui font entière confiance
Grâce à ses connaissances parfaites de
la langue de Goëthe », et en raison de ses hautes fonctions,
Richert devient bientôt le point de mire de la contre propagande
allemande. Surtout après juillet l92O, lors de l’arrivée en Sarre,
de la Commission du gouvernement, chargée, par la Société des
Nations de l’administration du petit Territoire politiquement
autonome.
Camouflé par la suite en fonctionnaire
des Mines Domaniales, mais en réalité détaché aux Affaires
Etrangères, il dirige, en sous-main, le nouveau courrier de la
Sarre. Quotidien français de langue allemande et organise, dans
tout le pays, un service de renseignement, qui veille sur tout.
Des groupements divers, tels que Alsaciens Lorrains, Anciens
Légionnaires, Sarrois d'origine française, qui ont des
représentants jusque dans les plus petits villages et veillent à
l'application stricte du traité de Versailles.
En l9l9 et l92O, beaucoup de Sarrois,
fascinés par la victoire de nos armées, désirent sincèrement que
leur pays gravite dans l’orbite de la France et réclament, en
masse, l a nationalité française.
Mais les mesures dilatoires et plutôt
hostiles des Britaniques, « Encore eux », ne tardent pas de faire
craindre aux Sarrois, que l’autonomie de la Sarre n’a qu’un
caractère provisoire.
La perspicacité de Richert, jamais prise
en défaut, l’incite à quitter son poste de Sarrebrück. Il songe
sérieusement à abandonner la carrière militaire, pour faire son
chemin dans le monde des affaires, quant se produit un événement,
qui devra avoir une influence déterminante sur sa vie.
Le Quai d’Orsay le charge de missions
spéciales diplomatiques et militaires.
Au début de mai l92l, le Commandant
Richert. Breveté d’État Major, entreprend une tournée
d’instruction dans les grandes villes d’Allemagne et de l’Europe
Centrale.
Il visite successivement Cologne,
Hanbourg, Berlin, Varsovie, Cracovie, Posen, Butapest, Bratislawa
et Vienne. Il termine son périple par un séjour d'une quinzaine à
Munich. Il a été reçu partout, par curiosité surtout. Tout le
monde voulait connaître ce phénomèn,e, qui agitait si
vigoureusement le secteur de la Sarre.
Bel homme, il avait pu glaner, au cours
de son périple, maintes importantes confidences sur le coussin,
par des belles qui fréquentaient le cercle fermé de la diplomatie
et de l’espionnage.
Fin mai début juin l92l, au cours d’un
grand bal, donné par un ancien ambassadeur allemand, il fait la
connaissance de quelques notabilités appartenant au milieu
dirigeant Sarrois. Dont les Nazis de la première heure et avant la
lettre.
Connu par les attaques vigoureuses dont
il fut l’objet, dans la Presse allemande, il pique la curiosité
des Munichois.
Rentré à Sarrebrück, il reçoit la visite
d’un industriel Bavarois, qui le prie, de la part de Von Kahr,
Président du Conseil de Bavière, de retourner à M%ünich, pour
assurer secrêtement la liaison entrte les gouvernements français
et Sarrois. Ce dernier ne désirait pas se laisser absorber
entièrement par la République de Wseimar et comptait obtenir la
neutralité bienveillante de la France.
Devenu prudent après son expérience
Sarroise, il s’en ouvrit à Monsieur Lenail, questeur de la Chambre
des Députés. Personnage de l’entourage de Monsieurt Viviani, qui
rentrait d’un voyage en Allemagne, et qui était de passage en
Sarre.
Briand, alerté nomme Richert observateur
officieux en Bavière. Il lui facilite sa tâche par l’octroi de
subsides. Il a gardé son poste comme chef de la propagande en
Sarre.
Ayant obtenu le feu vert pour entrer
plus en contact avec les meneurs de la conspiration et les hautes
autorités Bavaroises, il participe à de nombreuses réunions
clandestines, parmi les Sociétés Patriotiques et paramilitaires
telles que « Stahlhelm » « Oberland » « Blücherbund ». Paris lui
alloue des fonds spéciaux pour indemniser certains intermédiaires,
et pour financer quelques groupuscules paramilitaires.
Dès juin l92l, il passe une grande
partie de son temps en Bavière et sur les voies ferrées reliant
Münich à Berlin, Vienne et Paris. Il n’apparaissait que de temps à
autres en Sare, pour donner le change à l’opinion publique.
Il possédait une fausse carte d’identité
de l’organisation, établie au nom de « Major Berger ». Seuls
étaient au courant de sa véritable identité Hugo Marchaus,
rédacteur du Völkische Beobachter ». Journal Nazi fondé récemment
et principal animateur des premiers S.A. de Münich. Ainsi que du
Professeur Fuchs, l’homme de confiance des Wittelsbach,
prétendants au trône de Bavière.
De l92O à l9234, années fertiles en
incidents et emeutes en tous genres à Münich, le Commandant
Richert, devenu agent secrêt malgré lui, assistait à de nombreuses
réunions et meetings dans les salles enfumées des brasseries.
L’une d’elles se termina par des
bagarres, particulièrement violentes et sanglantes, dans la soirée
du 4.ll.l92l, au célèbre Hofbraühaus à Münich.
L’orateur était un certain Adolphe
Hitler.
Richert reconnaît avoir été impressionné
par ce tribun populaire, qui, avec sa voix et son regard, éxerçait
déjà une véritable fascination, à la limite de l’hypnose, sur son
auditoire. Pénétré par l’ampleur du destin qu’il se voyait
attribuer.
Richert avait pour mission d’activer le
mouvement séparatiste, fut ce au prix d’un coup de force.
Les leaders ;du mouvement parviennent à
grouper autour d’eux environ 25.OOO hommes et une quarantaine de
canons, sous l’œil bienveillant du Général Von Rapp, ommandant de
la Reichswehr embyronnaire.
En l922, on tombe d’accord sur la
formule suivante ! « Créer un royaume catholique Danubien et
restaurer la Dynastie des Wsittelsbach ». Des contacts sont pris
avec les Leaders catholiques Autrichiens, Tyroliens et Souabes.
Le Vatican, averti par l’intermédiaire
de Monseigneur Pacelli, alors nonce à Münich, se montrait
favorable au projet. Les choses semblaient marcher à souhait.
En décembre l922, les principaux
meneurs, Marchaus et Fuchs, accompagnèrent secrètement le
Commandant Richert à Paris, pour persuader le gouvernement
français que l’heure H était arrivée pour déclencheur le coup d’Etat
en Bavière.
Un fâcheux événement d’ordre
international, fait échouer la tentative. La réoccupation de la
Sarre par Poincaré, en l923. De suite l’opinion Bavaroise se
retourne contre la France.
Richert organise une ultime réunion
secrète à Munich, au domicile de Marchaus, avec quelques chefs
encore libres de l’organisation paramilitaire, favorables au
complot.
Il a cru bon de révéler sa véritable
identité. Sa tête avait été mise à prix par la police politique de
Berlin, qui entre temps avait pris le contrôle de celle de Munich.
Il se rend très vite compte qu’il venait
de tomber dans un piège, ou guet-apens et ne dût son salut qu’à
une fuite précipitée.
Il passa de justesse entre les mailles
du filet de la police grâce à un déguisement. Revêtu d’un vieux
costume tyrolien, il réussit à regagner la France.
La plupart des meneurs autonomistes
avaient retourné la veste. A l’exception toutefois de Marchaus et
de Fuchs, qui furent arrêtés par la Police de Berlin.
Richert eut la surprise, en débarquant à
la gare de l’Est, de trouver, à la une de « L’intransigeant », le
récit de son évasion, avec force détails sur les circonstances de
sa fuite.
Sur les travées du Palais Bourbon, le
Président Poincaré fut interpelé au sujet du Commandant Richert.
Il l’a désavoué publiquement par trois fois, déclarant :
Qu’il
n’avait jamais eu de mission officielle en Bavière.
On demanda à Richert de se taire et de
s’abstenir de tout commentaire, moyennant quoi il recevrait une
nouvelle promotion et une nouvelle affectation de son choix.
Côté allemand, le coup d’Etat a trouvé
son épilogue au procès de Lmeipzig, où devant le « Volksgerichtshof »
l’on discuta des faits et méfaits de Richert. Le scénario visait à
blanchir les vrais responsables. Le Commandant Richert s’était
engagé, envers eux, avant de quitter Münich, de se taire quoiqu’il
advienne. Les inculpés et leurs défenseurs le chargèrent
naturellement de tous les péchés.
Quelques jours avant l’ouverture du
procès, Marchaus a été trouvé pendu dans sa cellule, avec son
ceinturon.
Complêtement brûlé en Sarre et en
Allemagne, Richert fut affecté au l52e Régiment d’Infanterie à
Colmar.
Il peut, à son gré, rayonner en Alsace.
Retrouver ses amis du Sundgau et gagner aisément Reppe, pays
d’adoption de sa famille.
En juillet l925, il introduit une
demande de mise à la retraite proportionnelle, pour ses 25 ans de
service.
En réponse le ministre de la guerre lui
a envoyé un télégramme s’enquérant s’il était volontaire pour
servir au Maroc, pendant la durée de la guerre du Rif. Opération
engagée contre Abd-El-Krim, ce qui l’a comblé d’aise, tant il
avait hâte d’échapper à l’athmosphère lénifiante de la métropole
et de retrouver un véritable esprit militaire.
Affecté d’abord à la Division marocaine,
il la rejoint à Oudjda. Vers la mi juillet il est envoyé à Taza,
fortement menacé par les partisans d’Abd-El-Krim
A son arrivée à Taza, il rend visite au
Général Gambay, commandant la Région et à son Chef d’Etat Major,
le Capitaine De Lattre de Tassigny.
C’est alors pour Richert la grande
aventure marocaine. Il rejoint tout d’abord Sidi Abdallah,
important nœud ferroviaire sur la ligne de Fez.
Prenant le commandement des éléments
avancés de la Division Marocaine, il est envoyé en hâte défendre
ce poste important, contre les Riffains Puis, ceux ci ayant
suspenndu leur offensive vers le sud, Richert rejoint l’Etat Major
de la D.M. à Fez, où le maréchal Pétain, qui dirrige d'en haut les
opérations, organise six Divisions destinées à anéantir les bandes
d’Abd-El-Krim.
Peu après il est envoyé à Taza, en
qualité de Chef d’Etat Major de la première Division de marche du
Maroc (La D.M.M.).
A peine installé, le Colonel Conrap
l’engage pour la pacification de la puissante tribu des Branès. Il
y commande une petite colonne qui essuie un violent combat sur son
flanc gauche, au cours duquel , à ses côtés est blessé le
Capitaine De Lattre de Tassigny.
Après la soumission des Barnès, il
participe, avec la première D.M.M., à une opération de grand
style, qui rejette les Rifains hors de notre zone.
En mai l926, c’est la grande offensive,
qui s’achève par la capitulation d’Abd-El-Krim, dans laquelle le
commandant Richert a joué un rôle définitif, en lançant, de sa
propre initiative l’avant garde de la première D.M.M. sur Targuet,
capitale du chef Riffain. En dépit de l’interdiction formelle de
franchir, sans ordre, la frontière du Rif Espagnol.
Il reçoit, en récompense, son cinquième
Galon de Lieutenant Colonel.
En juillet il est envoyé à Engil, pour
préparer l’assaut du repère quasi inaccessible du Tichoukt, où
sont réfugiés de nombreux rebelles du moyen Atlas.
En août c’est la soumission des tribus
guerrières de la grande tache de Taza. Opératiuon à laquelle prend
part la lère D.M.M., sous les ordres du Général Vernois. Avec
Richert comme chef d’Etat Major.
Fin l926, Richert se voit confier ce
cercle du Haut-Leban. Il devient alors administrateur et fait
montre, dans ce domaine de qualités hors pair.
Il consacre quatre années à organiser et
à administrer les tribus du nord. A dresser leurs Caïds ,à nos
méthodes d’administration. A doter le territoire de voies de
communication, de Centres Administratifs. A protéger la frontière
du Nord contre les incursions de bandes Riffaines, venues du Maroc
Espagnol.
En avril l93O, il est nommé Commandant
du 2e. étranger à Meknès, qui participe chaque année
aux opérations de pacification de l’Atlas.
C’est désormais, pour lui, la vie rêvée
de nomade, dans les camps et sous la tente. Elle convient
parfaitement à son tempérament d’aventurier.
De mai à Octobre l93O, il dirige une
opération dans le Moyen Atlas, à l’Oued El-Abid et livre le combat
de Maokaïn, où il disperse une forte Harka de montagnards.
Cet exploit lui vaut le galon de
Colonel.
En l93l, le groupe mobile de Meknès
attaque le Grand Atlas. Richert fait figure de Commandant de
Colonne.
Képi Blanc
Avant l9l4,
notamment à la première époque de Lyotay, dans le Sud Orannais,
puis au Maroc, époque où le Général Richert a fait ses premières
armes, la tenue de combat du Légionnairecomportait le Képi (bleu
ou rouge, avec un couvre nuque blanc). Il devint kaki en l9l7 et
se portait déployé ou roulé derrière la nuque, pour se protéger du
soleil africain.
L’usage de porter
ce protège nuque commençait à se perdre dans les garnisons. En
tenue de service, ou en sortie, on ne le portait plus guère
qu’enroulé.
Le 3O avril l93l, à
Sidi-Bel-Abès, à l’occasion der la traditionnelle célébration de
Camerone, où se sont déroulées, en même temps, les fêtes du
centenaire de la Légion et de la conquête de l’Algérie. Au cours
du brillant défilé, qui marqua ces mémorables évènements, les
premier et quatrième Régiments Etrangers étaient en Képi rouge.
Par contre, ce que
l’on sait beaucoup moins, c’est qu’à cette même occasion, le képi
blanc, « sans couvre nuque » a fait sa première apparition
officielle, dans la tenue du Légionaire.
Le Général Richert
avait été invité, avec son Régiment, le deuxième Etranger, alors
en garnison à Meknès. Comme du reste tous les régiments de la
Légion, à participer à cette double commémoration,. Ce d’autant
plus que ses légionnaires s’étaient particulièrement distingués
lors des durs combats de pacification du Haut-Atlas.
C’est alors que
Richert a eu une idée, pour le défilé : Afin de mieux démarquer
son Régiment des autres, il a demandé à tous ses hommes, de
porter, par dessus le Képi, une housse blanche soigneusement
immaculée.
Le deuxième
étranger fut particulièrement remarqué et très applaudi. A la
réception qui suivit, cela valut à notre Colonel les félicitations
particulières du Général Franchet-Desperey.
Ce ne fut ni la première, ni la dernière
des mille extravagances, plaisanteries, incartades et autres
exploits à la hussarde, accomplies par notre fougueux Général
Sundgauvien. Ce qui ne lui valut pas que des compliments, au cours
de sa carrière. Toujours est il
Que depuis lors le Képi Blanc a été
officiellement adopté par l’ensemble des régiments de la Légion.
L932 est l’année des attaques sanglantes
qui valent au Colonel Richert la brillante citation suivante.
« Comme commandant du groupe, a pris le
premier mai l932, une part décisive dans l’opération de forcement
des cluses de Targount, obligeant à Laggouach, par une mesure
hardie, un groupement der dissidents menaçants, à mettre bas les
armes. Le l3 juillet, à An-efgou, a atteint tous les objectifs,
malgré de grandes difficultés de terrain et par une habile
intervention a dégagé un convoi aux prises avec les dissidents. En
septembre, après avoir préparé avec une inlassable ténacité la
progression de son groupement, s’est emparé, de haute lutte, le
cinq et le sept du Tazigzeout. S’y est maintenu malgré les contre
attaques et a exploité son succès avec autant de sens tactique que
d’énergie, jusqu’à la capitulation complête de son adversaire. A
obtenu ce brillant succès grâce à l’ardeur et à l’esprit de
sacrifice qu’il a su comme chef de corps du 2ème
Régiment Etrtanger, inspirer à ses Bataillons ».
l933 c’est l’achèvement de la
pacification, du Grand Atlas. Le Colonel Richert y- prend part et
après les combats de Tanrecht et du Tanghart, pénètre avec son
groupement dans la Haute vallée de l’Asil Melloul à 25OO mêtres
d’altitude. A1 la suite des combats de Djebel Hamdou et de L’Ouksersar,
les derniers dissidents capitulent.
Richert reçoit la cravate de Commandeur
de la Légion d’Honneur. C’est la fin de son épopée marocaine.
En juillet l934, il est affecté à la
subdivision d’Epinal. On lui a donné à comprendre qu’un séjour
dans la métropôle s’imposait, en vue de l’attribution des
premières étoiles. Il lui plaisait, il est vrai de revenir en
Europe, alors que l’athmosphère était déjà chargée d’électricité à
la veille du plébiscite de la Sarre, en janvier l935.
A peine arrivé, il prend part aux
manœuvres du Corps d’Armée, et inspecte la ligne Maginot, dont il
doit commander le secteur de Bitche, en cas de mobilisation.
Il découvre, au cours de ses
inspections, une armée française figée dans sa victoire de l9l8 et
n’ayant pas suivi, comme sa voisine d’en face, le rythme du
progrès.
Au début de l935, il reçoit le
commandement de la Brigade Nord Africaine de Toul, qui effectue,
chaque année, des travaux entre Puttelange et Saint-Avold, en
prolongement de la ligne Maginot.
Il critique ouvertement et vertement
l’insuffisance de notre protection de la zône Nord par où il est
indibutable que passeront à nouveau les allemands, ce qui n’est
pas pour plaire au grand Etat Major.
Mars l936 le voit parvenir au grade de
Général de Brigade et ;, à cet instant il songe d’aller offrir ses
services à Tchank-Kaï-Tcheck, quant une affectation nouvelle, au
Maroc, en juillet l936, le décide à ne pas abandonner la carrière
militaire.
Il arrive au Sultanat pour remplacer, au
pied levé, le Commandant de la Région de Fez, poste qui n’est pas
de tout repos.
Il doit d’abord faire face aux
nationalistes marocains, qui demandent une plus grande autonomie
administrative. Il lui faut remédier, également, à l’insuffissance
de notre protection, le long de la zône Espagnole, en pleine
effervescence depuis le déclenchement de la guerre civile en
Espagne. Enfin il lui faut s’adapter aux initiatives nouvelles et
pleines de hardiesse du nouveau résident général, monsieur
Peyrouton.
Le Général Richert se montre à la
hauteur de sa tâche, faisant face, avec sérénité à toutes les
difficultés. Mais il a compté sans les remous de la Politique
Française et, en octobre l936, Peyrouton sacrifié par le Front
Populaire, doit céder sa place au Général Noguès, précisément en
mauvais termes avec Richert, depuis des lustres.
Aussi, en avril l937, Richert est il
remplacé comme administrateur de la région de Fez et ne garde que
le titre de Commandant des troupes.
C’est en cette qualité qu’il entreprend
la drôle de guerre. En l939 il mobilise et groupe à Oran la 8ème
Division Nord Africaine. Au moment où elle s’apprête à partir pour
la Syrie, le Général est affecté à Bizerte, comme adjoint de
Préfet Maritume.
Il commande les troupes de la région
fortifiée de Bizerte et organise la défense de la côte contre les
attaques éventuelles venant de la Lybie.
En mai l94O, lors de l’entrée de
l’Italie en guerre, le Général Noguès l’envoie à Béjà en Tunisie,
avec ordre de former, avec les dépôts Algériens et Marocains, une
nouvelle Division indigène.
A l’armistice, la Division en formation
à Béjà est dissoute et Richert se voit confier le commandement de
la l8Oème Division d’Infanterie, entre Sousse et la ligne de
Mareth, couvrant la Tunisie face à la lybie.
Mais Richert n’accepte pas l’armistice
et la défaite momentannée de la France.
Il entretient ses troupes dans
d’excellentes conditions physiques, prévoyant le moment où elles
se heurteront aux Italiens de Tripolitaine et de Lybie.
Il trouve en Monsieur Peyrouton, alors
résident général à Tunis, un homme compréhensif, qui n’envisage
pas la victoire Nazie. Mais se heurte au Vichysois Général Noguès
qui intrigue et le fait mettre à la retraite, par dépêche, sans
qu’on lui octroie, comme il est d’usage, sa troisième étoile dans
le cadre de la réserve.
Richert retourne alors à Fez et s’adonne
à la résistance. Sur sa route il s’arrête à Alger, y voit ses amis
et connaissances et les persuade de l’impossibilité de l’Allemagne
de gagner la guerre et par voie de conséquence il les engage à se
préparer à la lutte.
En août l94O, il entre en contact –déjà
– avec les officiers jetés sur la côte, non loin d’Agadir, pour
tenter un soulèvement au Maroc.
Richert s’engage à mettre éventuellement
ses qualités de chef, à la tête d’un mouvement visant à rallier le
maroc aux Forces Françaises libres.
A cet effet il consent à rencontrer le
Général De Gaulle à Gibraltar et fait aménager secrêtement aux
environs de Sefroy, un terrain d’aviation auxiliaire où doit
atterir un avion Britanique, à une date fixée à l’avance et qui l’enmènerait
en Angleterre.
Sur ces entrefaites il apprend la mort
de son frère à Reppe et revient en France, pour régler, avec ses
neveux ses affaires de famille.
Il en profite pour parcourir le pays et
prendre contact avec des organisations de Résistance,
principalement à Toulouse, Tarbes, Marseille, Avignon, Montélimar,
Lyon et Vichy où un bref séjour lui permet de constater que nombre
d’officiers de l’entourage du Maréchal jouent double jeu.
En novembre 4O, de retour au Maroc, il
apprend non sans surprise, que des officiers gaulistes, débarqués
au Maroc, ont été appréhendés. Il ne peut plus, dès lors, être
question d’une entrevue avec De Gaulle.
Il se décide alors à quitter le maroc
pour l’Angleterre, lorsqu’il rencontre, à Casablanca, des agents
consulaires américains, qui lui conseillent vivement de rester en
Afrique du Nord, où sa précieuse présence peut être plus utile
qu’ailleurs.
Pendant l’hiver l94O-4l, il prépare le
débarquement américain et travaille, dans ce but, de concert avec
les agents américains.
Cette activité n’est pas sans éveiller
les soupçons des chefs locaux de la Légion des Combattants.
Organisme à la dévotion de Pétain, dont elle est la création. Il
est de leur part l’objet d’une continuelle surveillance.
Alsacien de vieille souche, il s’occupe
tout naturellement des réfugiés Alsaciens –Lorrains
particulièrement nombreux. Les groupe en Associations. Crée pour
eux un foyer à Fez et les embrigade dans des formations de combat,
en vue de la libération du Maroc.
Il leur assigne plus spécialement comme
tâche, en cas de débarquement allié, la neutralisation de la
Légion et surtout des S.O.L. fanatisés.
A Casablance il monte aussi une dizaine
de groupes, dont il assure personnellement la liaison avec
l’ensemble du réseau du Maroc.
En l94l, le voici de nouveau en France
où il continue à maintenir le contact avec les Alsaciens-Lorrains
et à raviver en eux l’espoir d’une victoire de la cause alliée,
malgré les triomphes momentannés du Nazisme.
Revenu au Maroc, il fonde, à Casablanca,
Fez et Meknès des comités de notables résistants, sans distinction
d'opinion politique
Mars l942 le trouve à Tunis, où il
s’informe de l’attitude des autorités françaises en cas de
débarquement allié à Alger. Au retour il revoit le groupement l’Alsaciens-Lorrains,
les agents consulaires américains et de nombreux officiers qui, en
sous main travaillent pour la cause des alliés.
Rentré au Maroc, après son voyage de
prospection en Afrique du Nord, il travaille à fédérer tous les
groupements existants et à rallier à sa cause quelques Régiments,
Tabord et Goums, dont il connaissait les sentiments des chefs. Il
adressa aloprs, aux Anglos-Saxons un rapport où il met en lumière
l’importance et l’urgence d’un débarquement en Afrique du Nord, et
où il recommande tout spécialement l’occupation de Bizerte, dès la
première heure de la tentative des alliés.
Quinze jours avant le débarquement il
rédige, à la demande du conseiller Murphy, avec plusieurs membres
du Comité de Casablanca, les dernières recommandations
à ;l’adresse de l’Etat Major des troupes de débarquement.
Le 9 novembre l942, sur ordre du
Résident Général, il est arrêté et gardé en vue à son domicile par
deux inspecteurs Libéré dans la nuit du lO au ll novembre, il est
arrêté à nouveau alors qu’il s’apprêtait, sur recommandation de
Londres, à déposer une gerbe au monument aux morts.
Finalement le Général Noguez, qui a
contrarié en tous temps l’action de la Résistance, demeure à son
poste auprès des alliés, tandis que le Général Richert est mis à
l’écart. Bel exemple de justice himaine.
Richert est nommé juge suppléant au
Tribunal d’Armée, ce qui l’oblige à de fréquents déplacements à
Alger et lui permet d’entrer en relations avec l’entourage du
Général De Gaulle. De fréquenter les principaux personnage de
l’époque qui composaient le gouvernement provisoire de la France
libre. Les généraux De Gaulle, Giraud. L’amiral Darlan et
quantités d’autres proconsuls de l’époque.
Voyant toutes les intrigues qui se
nouent et les procès que se livre la Camerilla, dans l’entourage
de De Gaulle, il décide d’abazndonner définitivement l’armée.
En lm945 il retourne au Maroc, à Fez et
entre au Conseil d’Administration de plusieurs grosses affaires
in,dustrielles. Il fonde et dirige durant deux ans, de l948 à l95O
un Quotidien. « Le courrier du Maroc.
La politique d’amitié franco Marocaine
ne plait ni aux autorités du protectorat, ni aux gros colons.
Le Général Richert sera notamment un des
signataires de la fameuse lettre » des 75
Adressée au Président de la République
pour protester contre la politique de répression pratiquée au
Maroc par les autorités Françaises, pendant l’exil du sultan
Mohamed V.
La situation politique et économique
s’étant déteriorée après les années l95O-6O, il liquide ses
affaires en l964 et quitte définitivement sa résidence de Fez, où
il jouissait pourtant de l’amitié et de la considération générale,
dans tous les milieux marocains.
Dirant toutes ces années il a fait
nombre de voyages en France, en Allemagne et jusqu’en Amérique où
il était in,vité à donner des conférences.
Il venait chaque année en Alsace, dans
sa famille à Reppe, Saint-Ulrich et Strueth.
Sur le tard de sa vie il est venu
retrouver ses racines, dans son Sundgau natal. Il est toujours
resté attache viscéralement à son village de Saint-Ulrich. Il
aimait évoquer, dans le savoureux dialecte de la Largue, qu’il n’a
jamais renié, maints souvenirs de sa jeunesse.
Il avouait volontiers qu’il devait
essentiellement sa bonne forme physique et son caractère entier à
son ascendance paysanne du Sundgau. Ce faisant il s’est toujours
souvenu du sage conseil de Monsieur Michelet qui disait
« L’important n’est pas de monter, mais en montant de restyer soi
« .
C’était un grand sveltye vieillard, qui
est toujours resté très droit, jusqu’au seuil de sa mort. Il
entretenait sa forme physique, pratiquait encore le vélo, nageait
dans la Largue à 9O ans, même lorsque l’eau était trop froide pour
les jeunes.
Il avait fait agrandir le cimùetière de
Saint-Ulrich, ce qui lui a permis, longtemps à l’avance, de faire
construire son propre caveau, dans lequel il a fait transférer ;
les restes de ses aïeux.
Le 28 aout ,l966, jour de son 87ème
anniversaire, au cours d’une réception à la mairie de Saint
Ulrich, le maire de l’époque, Monsieur Schindler Auguste étant un
de ses parents, il avait été fait citoyen d’honneurde la localité.
Il ne s’est jamais marié, ce qui ne l’a
pas empêché, bel homme qu’il était, de faire des ravages auprès de
la gent féminine de la bourgeoisie et de l’aristocratie des pays
de l’Est.
Notamment pendant sa période d’agent
secrêt. Il a recueilli maintes confidences secrêtes sur
l’oreiller.
Chaque année il a convié toutes les
vieilles personnes des quatre villages formant la paroisse de
Mertzen, à un repas gastronomique, où le champagne « De la
Légion » coulait à flopts.
Il a passé les dernières années de sa
vie comme pensionnaire à la maison de retraite de Dannemarie où il
est décédé le l7 janvier l975, à l’âge de 96 ansq.
L’enterrement du grand homme a été plus
que discrêt. L’administration avait délégué un mince peloton
militaire pour lui présenter les derniers honneurs.
La municipalité de Saint-Ulrich a réparé
cette injustice. Le samedi l9 mai l984, lors de l’inauguration de
sa salle des fëtes, construite par la vaillantye équipe des
Sapeurs Pompiers locaux. Elle a été dédiée très officiellement, en
hommage posthume au Général de Brigade Xavier Auguste RICHERT,
grand Officier de la Lmégion d’Honneur, illustre Légionnaire et
enfant du village.
Il était l5 heures lorsque Madame
Charles Richert, épouse de l’ainé des neveux du Général disparu, a
dévoilé la plaque commémorative de la salle Auguste Richert, en
présence de >Monsieur le Sén,ateur Goetschy Président du Cdonseil
Général du Haut-Rhin, De Monsieur le Sénateur chiele, de Monsieur
Belin sous préfet d’Altkirch, Monsieur Weisenhorn député de la
circonscription, Messeurs Wqith, Klemm et Reitzer conseillers
Généraux, ainsi que des maires et de nombreuses autres
personnalités du canton et de l’arrondissement.
A la place d’honneur trône le buste en
bronze du grand homme. Il l’avait fait sculpter de son vivant.
A la salle de la mairie, un tableau le
mùontre à cheval sur le front de ses troupes. Il veille sur lmes
débats du Cdonseil Municipal.
Sa saga est consignée dans le livre d’or
de la Légion. Il a fait don de son uniforme de gala et de son
sabre d’apparat au musée sundgauvien d’Altkirch.
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